De la culture à l’esthétique, histoire d’une trajectoire pas comme les autres

L’esthétique n’est pas mon premier métier. Avant cela, bien d’autres expériences professionnelles ont jalonné ma vie avant que mon chemin ne me mène jusqu’à ma reconversion puis la création de ma propre Maison de beauté, Peau éthic.

Même si, à bien y regarder, ça devait sans doute finir comme ça…

L’esthétique : une envie de jeunesse

Aussi loin que je me souvienne, j’ai voulu être boulangère, hôtesse de l’air, carreleuse, Nicolas Hulot et…esthéticienne. A chaque nouvelle envie professionnelle, ma maman me ramenait une fiche métier du CIDJ (Centre d’Information et de Documentation Jeunesse). Je l’épluchais, regardais quelles études faire pour y parvenir et je rêvassais en m’imaginant plus tard, quand je serai grande…

Je traverse donc le collège avec l’idée fixe que je serai esthéticienne. J’ai déjà balisé ma trajectoire : ce sera un CAP, puis un BP, le tout en apprentissage. J’effectue d’ailleurs mes stages découverte de 4ème et 3ème au sein d’un institut traditionnel. Pour autant, je veux avoir mon bac. Question de sécurité, sait-on jamais. En étudiant la question je me dis que la série SMS (Sciences Médico-sociales à l’époque) est la plus indiquée. En discutant avec mes profs de l’époque, ceux-ci me suggèrent de plutôt rentrer en seconde générale puis de voir à l’issue de cette année si je souhaite m’orienter en SMS ou pas. Très bon conseil me concernant. Car le lycée va radicalement changer cette fameuse envie de jeunesse…

Adolescence, désamour et émancipation

Je rentre donc en seconde générale dite ‘de détermination’. Au passage, je décide de changer d’établissement et de ne pas aller au lycée qui était dans la continuité de mon collège. Pas envie de revoir les mêmes têtes d’élèves et de profs pendant encore 3 ans. J’ai la bougeotte et envie de découvrir autre chose. Je laisse donc mon groupe d’amies et je pars de mon côté.

Je choisis finalement (et logiquement en fait) de rentrer en série littéraire à l’issue de ma seconde : j’adore le français, l’histoire, les langues étrangères et je choisis en options l’allemand 3ème langue, le théâtre et les arts plastiques. Je me gave, je veux tout faire et je rencontre des personnes qui modifient profondément mon rapport au monde et aux autres.  Je découvre des perspectives nouvelles : la fac, les voyages… Bref, l’émancipation est en marche.

A la clef : un profond désintérêt pour le métier d’esthéticienne. Non mais franchement, qu’est-ce que je vais aller me faire suer dans ce métier superficiel, futile et ennuyeux ?? On a monté une asso avec des copains et on organise des concerts et un festival dans notre village. Je découvre les musiques actuelles. On va au théâtre avec mes profs de français. Je découvre le spectacle vivant. Ça me fascine, c’est ça que je veux faire plus tard. Je veux faire de la médiation culturelle. Amener les gens à découvrir la culture, faire peser ce contre-pouvoir, ouvrir les volets de la perception…

C’est tout vu, j’abandonne sans regrets l’idée de l’esthétique et je ferai une licence communication et médiation culturelle. J’irai à la fac ! Je rêve d’études longues et de voyages.

Adieu veau, vache, cochon et esthétique….

Marjorie, Maison Peau Éthic à Angers

Ma période ‘Reine du monde’

La fin du lycée marque pour moi le début d’une grande période d’émulation sociale, culturelle et intellectuelle. Déjà, je m’étais mise Martel en tête de partir à l’étranger après mon bac. Ayant toujours eu une petite passion pour la 2nde guerre mondiale, la résistance et la déportation (dis comme ça, c’est gênant), voulant me démarquer et ne pas faire comme tous ces moutons filant vers les states ou Liverpool (surfait), j’ai choisi l’Allemagne (allez bim, je casse l’ambiance). Et j’ai été fille au-pair. Pendant un an. L’année la plus longue de ma vie. Voyage au bout de l’ennui. Bref.

Après ça, j’ai démarré une licence communication et médiation culturelle à Angers. Alors là, ce fut un festival de projets, de nouvelles personnes rencontrées, de questionnements existentiels de bon ton et de voyages et autres roadtrips (je suis retournée en Erasmus en Allemagne d’ailleurs ! Ouais, je lâche pas l’affaire comme ça moi). Et mon projet professionnel évolue de l’action culturelle en milieu scolaire aux relations avec les publics au sein d’un théâtre. Ou pourquoi pas les musiques actuelles ? Je cherche, je me dis que je n’y arriverai jamais. Le monde professionnel me semble nébuleux et opaque mais je garde la pêche. Et je vibre en sentant le champ des possibles ouvert à l’infini.

Tellement que je me dis que je ne peux pas me cantonner à mon petit monde étudiant et enchaîner mon master directement après la licence. Je veux découvrir d’autres réalités, d’autres chemins de vie, m’aiguiser le regard et le cœur. Je bosse donc un peu en intérim et je pars vivre 7 mois dans une communauté Emmaüs dans le sud de la France à côté de Pau (à Lescar exactement). Une des plus belles expériences de toute ma vie. Une belle première désillusion aussi. Je pars en claquant la porte mais sans regrets pour ce que j’y ai vécu et appris. Ayant goûté à la liberté des chemins de traverse, je me dis qu’il est encore un peu tôt pour reprendre le chemin des études et je me dis que j’ai quand-même un rêve qui me tarabuste le bulbe : voyager loin, et seule. Hop hop hop, je vous passe les détails mais, en gros, je bosse pendant un an en tant que pionne dans un collège en Mayenne puis je pars 2 mois mon sac sur le dos en Amérique latine. Et après ça je me dis qu’il est quand-même temps de terminer ce que j’avais commencé. Je reprends donc un master ‘Relations interculturelles et coopération internationale’ à l’université Charles de Gaulle à Lille.

Et…à peine installée sur Mons en Baroeul à côté de Lille, je découvrais encore ma fac à Roubaix (oui, mon UFR était décentralisé) que je recevais le coup de téléphone d’une copine qui me proposait ni plus ni moins un boulot de chargée de médiation et de communication à mi-temps au sein d’un collectif de théâtre rattaché à une Scène Nationale…à Château-Gontier en Mayenne (chez moi^^). Ce collectif s’appelle ‘Label Brut’, il fait du théâtre d’objet et l’une des trois personnes portant ce collectif est Babette Masson directrice du Carré, théâtre Scène Nationale de Château-Gontier.

Et donc cette opportunité me tombe sur la tête. Évidemment je refuse. (…)

Ben non, évidemment que je dis OUI ! Enfin je candidate, je suis prise et ensuite je fais le tour de touuuuuuuuuus mes profs de fac pour modifier mon emploi du temps et essayer de faire tenir mes cours en 3 jours.

D’octobre 2010 à janvier 2012, je ferai mon master du lundi au mercredi à Lille puis mon boulot de chargée de médiation le jeudi et vendredi (et parfois le samedi matin) en Mayenne.

J’ai eu une opportunité de fou qui m’a donné un rythme de fou mais qu’est-ce que j’ai kiffé ! J’étais inarrêtable. Je bossais tout le temps et je m’en rajoutais même puisque j’ai aussi fait un peu de soutien scolaire auprès d’une petite fille à Roubaix le mardi soir.

Hors de question de louper une miette de vie.

Arrive la fin de mes cours début 2012 et la perspective du stage de fin d’études de 6 mois que je pensais faire au sein du collectif d’autant que les co-directeur-trices m’avait proposé un CDI une fois diplômée. Et là, suite à une discussion avec Elisabeth Lamy, l’administratrice de production de Label Brut à l’époque, je réfléchis à ce qui semble tout tracé. En effet, un CDI dans la culture, dans de bonnes conditions, pas précaires, sans avoir à galérer après mon diplôme, c’est une opportunité de dingue. Mais en même temps, elle me rappelle à juste titre que mon rêve, à la base, c’est de travailler au sein du réseau culturel français à l’étranger. Que c’est pour ça que j’ai intégré un master intitulé ‘Relations Interculturelles et Coopération Internationale’. Ses remarques font leur chemin dans ma tête et j’en viens à me dire qu’elle a raison. Je dois aller au bout de mon envie première, de mon rêve, et ne pas céder à la facilité d’un CDI tout beau tout chaud qui me tombe tout cuit dans le bec.

Alors je refuse le CDI et je trouve un stage au sein du service culturel de l’Alliance Française de Kuala-Lumpur en Malaisie. Expérience intense, éprouvante, enrichissante. Je suis notamment chargée du festival du film du French Art and Film Festival, l’évènement majeur de la programmation culturel de l’Alliance, mais ce dont je suis le plus fière c’est un projet de relations avec les publics que j’ai proposé et porté. J’avais remarqué que l’Alliance ne communiquait que par voie de presse et riche de mon expérience en tant que chargée de médiation j’avais envie de faire du lien avec des vrais gens, d’aller vers le public plus directement. J’ai monté un projet très modeste de présentation du festival auprès des structures proposant des cours de français à Kuala-Lumpur et jusqu’à 2 heures autour de la ville (écoles primaires, collèges, lycées, universités, instituts diplomatiques etc.) et qui a connu un vrai succès ! Les gens se sont déplacés, un car a été organisé depuis Ipoh, une ville à 2 heures de Kuala Lumpur pour faire venir des élèves, ça a amorcé un vrai travail d’ouverture et de relations avec les publics et ce fut génial.

Mais bon, cette expérience a aussi été un vrai choc culturel et je me suis rendue compte que je n’étais pas aussi ouverte d’esprit que ça, pas aussi tout terrain que j’aurais imaginé et j’ai remis en question mon projet de carrière au sein du réseau culturel français à l’étranger.

Donc après 7 mois d’expatriation, retour au bercail. Rédaction de mémoire, passage de soutenance et…recherche de boulot mais en France^^.

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Marjorie

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